 | • Du fournisseur au client, la fonction Achats se veut garante de l’intégration par son écosystème d’une performance RSE « de terrain », grâce à des outils innovants et des compétences réévaluées. • Délestée de tâches opérationnelles automatisables, la fonction se recentre sur l’accompagnement des fournisseurs de l’acheteur et de ses parties prenantes locales. • La transformation de cette fonction dépendra du soutien de la direction générale et d’une collaboration étroite avec les autres fonctions de l’entreprise. |
Une fonction Achats qui accompagne la transformation de son écosystème
En 2030, la fonction Achats assure une politique de contrôle des engagements RSE de l’entreprise auprès de ses fournisseurs. Elle s’engage dans le sens souhaité par les consommateurs finaux en matière de durabilité avec des besoins plus vertueux et respectueux de l’environnement et des droits humains. Elle veille à la maîtrise d’un juste équilibre entre qualité et prix des approvisionnements. Bras armé de la direction générale, elle œuvre pour l’atteinte de la performance RSE de l’entreprise sur le terrain. Tournée vers l’extérieur, elle contribue à rendre son écosystème plus vertueux, en accompagnant les fournisseurs dans leurs plans RSE, au niveau stratégique et opérationnel. Prenant en compte l’intégralité du cycle de vie des produits et services, elle mène un travail de veille de son écosystème, intègre des critères RSE à ses appels d’offre et réalise des audits RSE de ses fournisseurs.
Via sa politique d’approvisionnement durable, elle joue un rôle d’amortisseur des chocs externes qui impactent l’entreprise et un rôle moteur dans son évolution afin de mieux remplir ses missions. Elle s’attache à collaborer avec les meilleurs fournisseurs et développer des relations différenciantes afin que soient données des réponses innovantes aux besoins de l’entreprise.
Des outils performants pour façonner une chaîne d’approvisionnement plus responsable
Dans l’Entreprise Full-RSE de 2030, la fonction Achats s’appuie sur des processus de passage des commandes de plus en plus automatisés, se libérant de la dimension transactionnelle de son métier pour se concentrer sur l’accompagnement de ses fournisseurs. La technologie vient ainsi en appui à l’acheteur, augmentant sa dimension humaine, sa capacité d’écoute et à être présent au sein de son écosystème, notamment local. Il s’agit pour l’acheteur d’être présent en interne et en externe et d’embarquer les fournisseurs comme les nouvelles générations par des actions de team building(1) notamment. Dotée d’une vision systémique, nourrie par des systèmes d’information sophistiqués, elle contrôle la traçabilité de bout en bout des produits et services qu’elle achète. Moins portée sur le cost-killing(2) que sur la création de valeur durable, elle développe des outils d’aide à la décision qui prennent en compte des critères RSE (indicateurs de performance RSE, outils de modélisation, dispositifs de gestion du risque fournisseur intégrant les contraintes RSE). Si l’acheteur, tel un couteau suisse, dispose d’une multitude d’outils, il sait s’en affranchir pour utiliser un papier, un crayon et recourir à ses propres ressources quand l’occasion le demande.
Des compétences techniques et humaines au service d’une démarche intrapreneuriale
Ces missions plus étendues impliquent un élargissement du champ des compétences de la fonction Achats. En réponse aux attentes accrues de transparence et de traçabilité, celle-ci doit maîtriser sa supply chain étendue (de bout en bout, en amont et en aval). Elle s’appuie sur les technologies de la blockchain, de l’IoT, de l’IA et de la géolocalisation pour quantifier et améliorer continuellement les impacts RSE de l’entreprise. Elle traite et donne du sens à une donnée abondante sur laquelle elle s’appuie pour arbitrer. En collaboration avec la R&D et le marketing, la fonction Achats contribue à l’écoconception des produits et services, en impliquant étroitement les fournisseurs. Dans un environnement changeant, elle effectue une veille réglementaire rigoureuse. Au-delà de ses compétences technologiques et techniques, la fonction porte des valeurs de civisme et d’éthique, pour insuffler un sens de la mission et de la responsabilité sociétale à ses actions et renforcer ses relations avec ses fournisseurs et clients. Elle noue ainsi des partenariats pérennes avec des tiers de confiance, associations, ONG. Elle s’entoure de profils influents pour animer ces différents collectifs.
Le défi d’une mobilisation coordonnée face à des risques multidimensionnels
La maîtrise de la sous-traitance et des approvisionnements est exposée à de nombreux aléas : risques cyber, réglementation changeante, problèmes de transparence, difficultés à maîtriser les émissions indirectes de CO2. Cela exige une mobilisation forte des collaborateurs et partenaires extérieurs, alignés autour d’objectifs communs, et passe notamment par des actions de formation, de pédagogie et de sensibilisation sur la durée. Si la fonction Achats est un pilier stratégique de la transformation de l’entreprise et de son écosystème, l’impulsion et l’appui de la direction générale reste une condition sine qua non d’une transformation réussie. Pour tendre vers cette Entreprise Full-RSE, la RSE doit être, dans un premier temps, mise en avant par des dispositifs spécifiques de gouvernance qui devront ensuite s’effacer
dans une entreprise où la RSE sera intégrée by design(3).
Une coopération renforcée avec les autres directions de l’entreprise et avec l’extérieur
Au-delà du dialogue étroit qu’elle entretient avec la direction financière, la fonction Achats collabore de plus en plus avec d’autres directions de l’entreprise. Elle contribue à créer de nouveaux avantages compétitifs au niveau des produits et services de l’entreprise avec la direction R&D et marketing. Elle nourrit le discours de preuve de la direction de la communication. Elle travaille étroitement avec la direction des ressources humaines pour former et embarquer les collaborateurs en donnant un sens à leur travail, à leur vie et à leur impact. La fonction devient ainsi plus ouverte, à la fois tournée vers son écosystème extérieur (fournisseurs, prestataires) et vers les autres directions de son l’entreprise – une entreprise devenue plus étendue et désilotée.
(1) En français, le renforcement d’équipe est une méthode qui est apparue aux États-Unis au début des années 1980 et dont l’objectif est le resserrement des liens sociaux au sein d’un groupe de personnes appartenant à une entreprise ou à une institution.
(2) Réduction des coûts. La réduction de coût consiste, pour une entreprise, à réduire de façon importante les coûts afin d’améliorer sa rentabilité. Pour une collectivité publique, il s’agit de mettre en équilibre les dépenses et les recettes ou de réduire les déficits ou les recettes.
(3) Par nature, de par sa conception
