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Les ambitions du programme « l’Entreprise Full-RSE à horizon 2030 »

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Après deux ans d’un travail dense et rigoureux, nous sommes heureux de présenter cette étude sur l’entreprise Full-RSE qui a su rassembler largement les énergies, les témoignages et les intelligences au service d’un projet commun.

Cette notion d’Entreprise « Full-RSE » prend la suite de celle d’Entreprise « post-RSE », développée par l’Institut de l’Entreprise dans une étude éponyme en 2018. Cette expression était employée pour signifier la nécessité de penser sans tarder les prochaines étapes de la modernisation des entreprises, en partant du constat que l’instauration, dans de nombreuses entreprises, de politiques de responsabilité sociale et environnementale constituait une bonne tendance, mais seulement un point de départ.

Cette conviction que les entreprises travaillaient dans la bonne direction mais qu’il leur fallait poursuivre, généraliser et rendre plus cohérentes leurs actions, résultait d’un large tour d’horizon effectué auprès de leurs dirigeants, investisseurs, et actionnaires.

Un second volet d’étude, réalisé en mars 2020, allait recueillir des positions tout à fait convergentes auprès des représentants des parties prenantes de l’entreprise que sont les syndicats, les associations de consommateurs, les administrations publiques, les organisations environnementales, le monde enseignant, ou encore les générations futures.

De toute part, un même constat, une même conviction, une même question. Le constat que la RSE est une avancée positive qui rapproche les citoyens de l’entreprise. La conviction qu’il faut maintenant en intégrer plus complètement les ambitions dans la stratégie, les pratiques et les métiers de l’entreprise. Et une question encore largement ouverte : comment opérer concrètement cette intégration ?

C’est pour répondre à cette attente qu’une initiative de place a été lancée dès l’année 2020, portée par l’Institut de l’Entreprise, la Fondation nationale pour l’enseignement de la gestion des entreprises (FNEGE) et une entreprise à la fois experte, motivée et adhérente des deux associations, PwC France et Maghreb.

Depuis 2020, et ce malgré le confinement, de nombreux ateliers ont réuni, à l’Experience Center de PwC France et Maghreb, plus de 240 dirigeants d’entreprise et experts académiques, sous l’égide de dix des principales associations professionnelles françaises. Il s’agit ici d’une dynamique de place historique, recourant à une méthodologie de design fiction également inédite.

La présente étude est le fruit de cette dynamique de longue haleine et, pour nous, elle est l’occasion de souligner quelques aspects importants : des enseignements ou des intuitions qui sont liés non seulement aux résultats de ces travaux, mais également au processus collégial qui a permis leur élaboration.

Nous vivons une phase de renversement conceptuel majeur – et nous n’en sommes qu’au début.

Ce travail sur l’évolution de l’entreprise – tant dans sa fonction que dans son fonctionnement – correspond à un renversement du regard que notre société porte sur le monde. Depuis le XIXe siècle, la nature, les personnes, la société, la science, la culture, la liberté ont été perçues comme des ressources pour les entreprises. Prenant appui sur ces atouts, les entreprises ont créé et diffusé les produits et les services qui ont permis à une grande part de l’humanité de sortir de la précarité, et à beaucoup de profiter d’une prospérité inimaginable encore une génération auparavant. Mais désormais, nous – les citoyens, les consommateurs, les travailleurs – attendons l’inverse : nous voulons une entreprise davantage au service de la nature, des personnes, de la société, de la science, de la culture, de la liberté.

Ce n’est pas une crise qui a provoqué cette évolution collective. Les crises n’agissent que comme des précipitants. Les chocs, tels que la crise des subprimes en 2008 ou la catastrophe de Fukushima en 2011, entrainent, par sens des nécessités autant que par conscience des opportunités, une généralisation de l’effort d’adaptation. Cette concentration temporelle des actions de transformation provoque une puissante impression sur l’opinion, qui voit souvent ces épisodes comme la cause des changements dans l’entreprise. Or, passé l’effet de persistance rétinienne, il devient évident que les entreprises dans leur ensemble évoluent de manière beaucoup plus régulière, et sans attendre les secousses conjoncturelles.

Les entreprises sont en réalité structurellement en quête de progrès et d’amélioration, tant par esprit de survie que par volonté positive de contribuer au renforcement des sociétés au sein desquels elles évoluent. En effet, aucune entreprise ne peut prospérer durablement et authentiquement au sein d’un environnement qui se dégrade. Aucune entreprise ne se développe économiquement et socialement sans un effort volontaire et constant de progrès. Aucun actionnaire, aucun dirigeant, aucun salarié, aucun fournisseur, aucun client n’est motivé à l’idée de travailler chaque jour au succès d’une entreprise qui ne vise pas un développement intégral, une harmonie entre le macrocosme et le microcosme, entre l’interne et l’externe, entre la performance économique et la performance sociale, sociétale et écologique.

Les entreprises veulent donc prendre pleinement et sincèrement leur part dans la résolution des défis qui préoccupent nos concitoyens : crise écologique, fractures économiques et sociales, chômage persistant, endettement public grandissant, etc. et ces défis ne pourront être résolus sans les entreprises, dont l’action démultiplicatrice est indispensable pour changer d’échelle. La puissance publique ne peut pas tout, toute seule.

Avec L’Entreprise Full-RSE, la place économique française est à l’avant-garde de l’adaptation pratique des entreprises à ce nouveau cadre conceptuel. 

Le travail intellectuel et collégial mené par la place française sur la notion d’Entreprise Full-RSE témoigne de sa volonté d’amélioration continue, et s’inscrit dans le temps long. Depuis la Libération, un tissu extrêmement fertile d’associations professionnelles s’est développé en France, appuyant par leur travail le développement de la prospérité en France et dans le monde, et alimentant la réflexion des entreprises à propos de leur rôle dans la résolution des défis contemporains.

Les associations qui ont participé à la présente étude en sont le témoignage vivant. Les entreprises, en elles-mêmes, sont les acteurs-clés de la réflexion sur la modernisation de leurs pratiques, complétant par leurs actions et leurs témoignages les préconisations et les bonnes pratiques diffusées par les associations.

L’une des caractéristiques nouvelles et originales du présent travail est d’avoir su mettre en commun les réflexions issues de nombreux cercles professionnels. Cette collégialité traduit la complexité des défis que nos sociétés et organisations doivent surmonter. Plus personne ne détient à lui seul la capacité à faire avancer les sujets.

C’est pourquoi nous avons jugé essentiel d’encourager l’émergence, sur la place française, d’une logique de travail plus collective, transversale et originale, qui refuse de rester prisonnière d’inspirations purement individuelles ou des antinomies classiques.

Cette recherche collégiale n’est donc pas le fruit d’une personne, d’une entreprise, d’un métier ou d’une association en particulier. La notion d’entreprise Full-RSE est à la fois le résultat de témoignages des acteurs de terrain et d’un enrichissement académique. Elle est à la fois le produit des meilleures expertises métier et d’une vision transversale généraliste. Elle rend hommage à l’héritage de décennies de travaux et vient alimenter d’éléments nouveaux une vision partagée, crédible et représentative.

Cette démarche est novatrice et revêt une dimension historique. La place économique française est la première, sans doute, à entrer dans ce type de consolidation collaborative d’une conception partagée de la manière dont les entreprises doivent progresser pour atteindre une performance globale, capable de satisfaire l’ensemble des intérêts en présence, de l’actionnaire au citoyen.

Au contraire d’une utopie, l’Entreprise Full-RSE est porteuse d’avancées et d’accélérations concrètes, déjà mesurables dans l’opinion publique. 

Même dans les entreprises qui cherchent à « désiloter » leurs organisations, il est parfois difficile de suivre les enjeux de transformations propres aux autres fonctions que celles qu’on exerce soi-même. Les lecteurs trouveront donc sans doute d’un grand intérêt que la présente étude nous présente le synopsis le plus à jour de ces différents enjeux à horizon 2030.

Ceux qui ont déjà une vision transverse précise et actuelle des chaînes de valeur, pourront confirmer que les constats issus de cette recherche sont conformes à la réalité du terrain. D’autres, peut-être, se diront déçus de ne pas trouver dans ce travail de résultat spectaculaire, de mobilisation en vue d’un Grand Soir, de promesse brillante sur un avenir radicalement transformé au sein de nos organisations.

Mais la patiente et pugnace progressivité des évolutions décrites par cette étude est la garantie même de la profondeur et de l’effectivité des transformations que portent collectivement les acteurs des entreprises. Il faut au contraire se méfier des effets d’annonce, souvent déceptifs parce qu’ils correspondent avant tout à une démarche de communication, voire qui s’avèrent finalement décourageants parce qu’ils appellent à franchir une marche trop haute.

Cette étude invite à l’action et décrit une authentique feuille de route. Au contraire d’une utopie qui ne peut par définition jamais se matérialiser, cette feuille de route aboutira à des résultats concrets, inscrits dans la durée, car elle correspond à une attente des citoyens, qui sont à la fois les salariés, les décideurs, les actionnaires et les clients des entreprises.

Le fait que désormais deux Français sur trois déclarent que les entreprises ont le pouvoir d’améliorer le monde actuel en est le signe. La crise du Covid n’a pas freiné cette tendance, au contraire. Dans cette période, les entreprises ont prouvé leur capacité à maintenir le cap et à changer la donne.

Dans l’entreprise, tout le monde veut participer à une économie au service des enjeux citoyens, sociaux, écologiques et éducatifs.

En écho à l’amélioration de la perception et des attentes publiques, nous constatons que les collaborateurs des entreprises, à tous les niveaux de leurs organisations, souhaitent contribuer à l’intérêt général, non seulement en créant de la prospérité, mais également en privilégiant les emplois dont ils comprennent et valorisent le sens.

Cette attente est même devenue une exigence, que les entreprises ne peuvent se permettre de négliger sous peine de perdre en attractivité en tant qu’employeur, ou en compétitivité en tant que producteurs. Les entreprises doivent désormais générer chez leurs parties prenantes une « satisfaction citoyen », de manière aussi vitale qu’il leur faut entretenir la « satisfaction client ».

Les dirigeants ne sont pas seuls, loin de là, à orchestrer les démarches de RSE. En réalité, cette mobilisation provient avant tout du terrain et concerne toutes les parties prenantes, y compris les actionnaires, qu’on accuse parfois un peu rapidement de ne viser que le profit financier, alors que la réalité est bien moins caricaturale.

Dans leur avant-propos pour L’Entreprise post-RSE, Oliver Hart, professeur à la Harvard University, prix Nobel d’économie 2016, et Luigi Zingales, professeur d’Entrepreneuriat et de Finance à la Booth School of Business de l’Université de Chicago, faisaient valoir, données et exemples à l’appui, que « les préoccupations des actionnaires ne se réduisent pas uniquement à l’argent. ». Dès lors, « l’obligation fiduciaire du conseil d’administration envers les actionnaires de l’entreprise est de servir au maximum leur intérêt élargi, et non simplement d’accroître la valeur de leur portefeuille ». L’atelier mené avec les administrateurs dans le cadre de la présente étude a confirmé cette évolution.

Les parties prenantes de l’entreprise sont dès lors réunies par une même ambition sociétale, qui consiste à se mettre d’accord sur leur responsabilité sociale et environnementale commune – désormais traduite par la notion de « raison d’être » –, et à mettre en œuvre cette responsabilité dans les métiers, les pratiques et les productions de l’organisation.

Une aspiration générale à prendre des responsabilités qui est un signe extrêmement encourageant pour la réussite collective.

Les lecteurs de la présente étude pourront remarquer que, dans les comptes-rendus de leurs travaux, chacune des différentes fonctions représentées considère être investie d’une mission centrale dans le cheminement de l’entreprise vers la complète intégration de la RSE dans sa stratégie, ses métiers, ses pratiques et ses productions. Chaque fonction de l’entreprise a développé une vision plus large de son rôle et veut être le chef d’orchestre des transformations nécessaires.

Les verbatim issus des ateliers attestent que les fonctions des ressources humaines, du marketing, de la communication, de la supply chain se projettent en « chefs d’orchestre ». Les directions des systèmes informatiques et financières se voient comme des « architectes ». Les autres directions emploient des images et des termes convergents, telles que les notions de « pilote », de « boussole ».

Une interprétation erronée de cette vision de soi pourrait être que chacun entend se promouvoir dans l’organigramme. En réalité, ce que nous en retenons, c’est que chacun se sent utile, voire indispensable, à la réussite collective. Dans chaque fonction-clé de l’entreprise, les responsables pensent pouvoir faire avancer les choses et comprennent l’utilité de leur contribution. Dans un monde souffrant de pessimisme, parfois de fatalisme, face aux enjeux sociaux, environnementaux et éthiques, cette volonté généralisée de s’impliquer et de contribuer est un constat positif, qui doit alimenter notre confiance.

Vers un nouveau modèle de capitalisme

Le niveau de mobilisation des professionnels que reflète cette étude est vital compte tenu des enjeux, car ce que nous espérons, ce n’est rien moins que de voir les entreprises entrainer une amélioration du capitalisme, en réponse aux attentes des citoyens, des consommateurs et des travailleurs.

Concrétiser cette ambition au travers de l’Entreprise Full-RSE n’est pas une utopie, mais un projet concret, issu de la volonté des acteurs économiques de contribuer à une civilisation plus proche de la nature, donnant sa chance à chacun, contribuant à l’amélioration des conditions de vie des populations et assurant un meilleur partage de la prospérité.

Tout ceci n’est pas inaccessible, mais possible. L’économie de marché qui s’est développée dans les nations industrielles n’a certes pas fourni un cadre parfait dans tous les domaines, mais elle a contribué, plus que tout autre système précédent, à l’amélioration des conditions d’existence pour le plus grand nombre. L’entreprise en situation de marché libre est encore ce que l’on a imaginé de mieux pour diffuser au plus grand nombre ce que l’intelligence humaine a produit d’utile, tout en nous permettant d’en vivre par le moyen des richesses créées.

Il est cependant indéniable que certaines des conditions de production ou conséquences des activités des entreprises entrainent des pollutions, des inégalités, des problèmes de santé, des conflits, etc. Nous devons poursuivre la dynamique vertueuse qui permet, par la prévention, l’organisation et la régulation, de contrecarrer ces externalités négatives.

Le dialogue avec les parties prenantes et la coopération avec l’univers de la formation, conditions indispensables à l’essor de l’Entreprise Full-RSE

Deux éléments sont appelés à jouer un rôle toujours plus important dans cette amélioration de notre système économique. Il s’agit premièrement de la meilleure implication des parties prenantes dans les processus décisionnels.

La prise de conscience des problèmes sociaux et environnementaux liés à l’expansion des activités économiques s’est accrue depuis les années 1970, et encore accélérée au cours des quinze dernières années, depuis que la crise des subprimes, la prise de conscience écologique matérialisée par l’Accord de Paris en 2015 et l’essor de la digitalisation ont imposé à la plupart des entreprises issues de l’économie traditionnelle de repenser leurs priorités, leurs modèles d’affaires et leurs modes opératoires.

Pour mener à bien ces mutations majeures, il est essentiel que les entreprises intègrent a priori l’avis et la contribution des associations et experts des nouvelles problématiques sociales, technologiques et écologiques, dans le développement de leurs projets et activités.

Par ailleurs, un deuxième élément sera capital. Consolider le nouveau rôle de l’entreprise dans la société nécessite de travailler de manière plus étroite avec le monde académique afin de préparer les futurs leaders, dès leur formation initiale, aux modes de fonctionnement et aux enjeux de l’Entreprise Full-RSE. C’est la raison pour laquelle l’Institut de l’Entreprise et PwC France et Maghreb ont souhaité travailler dès le départ avec la FNEGE pour intégrer les contributions des universitaires autant que pour garantir une large diffusion de la vision de l’Entreprise Full-RSE dans le monde enseignant.

L’Entreprise Full-RSE, un travail à poursuivre, une chance à saisir

Nous invitons désormais la place économique française à poursuivre et élargir le travail de co-construction sur l’Entreprise Full-RSE.

De nombreuses fonctions-clés, telles que l’innovation, le commercial, les risques, le juridique et la conformité, les opérations et la production, n’ont pas encore fait l’objet d’un atelier collégial à ce stade. De même, il paraît indispensable d’approfondir certaines questions transversales qui ressortent des travaux livrés en 2022, notamment : la redéfinition de la performance et son évaluation ; les meilleures pratiques pour animer des écosystèmes élargis et les nouvelles organisations de travail ; l’adaptation des systèmes de recrutement, de formation et de gestion des parcours professionnels ; ou encore les enjeux éthiques liés à l’entreprise dans le cadre des mutations technologiques et sociales qui s’annoncent.

La perspective de ce travail de vision partagée, impliquant la collaboration des principales organisations professionnelles nationales et de dizaines d’entreprises, est exaltante. Dans ce cadre, nous partageons tous l’ambition d’un modèle d’entreprise capable de ramener autour de l’économie de marché la sérénité nécessaire à l’épanouissement de notre société.

Nos organisations et entreprises se considèrent au service de cette vision, dans l’intérêt général, pour transmettre aux nouvelles générations des entreprises soucieuses de performance globale, véritablement Full-RSE, seules à même de générer une prospérité partagée et respectueuse de l’humanité et de la planète.

(Institut de l’Entreprise / André Caty)
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