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Trois scénarios – trois mondes en 2030

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1 – PACE

L’accélération technologique se confirme
La mondialisation se poursuit
Les sociétés s’organisent comme des plateformes

Janvier 2031, chronique d’une décennie passée

Les années 2020 confirment l’accélération technologique amorcée lors de la décennie précédente. Le progrès des biotechnologies et des nanosciences marque la transition vers un humain augmenté. Sous l’influence des think tanks transhumanistes, les réglementations de protection des données personnelles s’assouplissent, favorisant l’innovation et réduisant le champ d’application du principe de précaution.

Dans cette course technologique, la domination des géants s’accélère. Les GAFAM sont devenus des GAFAMAH (GAFAM + Alibaba et Huawei), marquant le nouveau leadership de la Chine dans le domaine technologique. Pas un secteur économique (même ceux historiquement les moins exposés : agriculture, alimentation, santé, etc.) n’échappe au phénomène de plateformisation. Les smart cities tendent à se privatiser. Elles s’organisent autour des propositions intégrées de ces grands acteurs, combinant transports, commerces connectés et services personnalisés.

Face aux enjeux climatiques de plus en plus centraux dans l’espace public, de nombreux programmes de green novation voient le jour, marquant la volonté massive des états de trouver les leviers d’une croissance vertueuse. En 2025, la part des financements green occupe plus de la moitié des investissements mondiaux totaux. Dans ce monde dominé par la technologie, la donnée est le nouvel actif stratégique. Le consentement à l’utilisation des données par l’utilisateur est progressivement devenu la norme.

L’identité numérique s’est profondément développée. Chaque citoyen dispose d’un identifiant personnel lui permettant d’accéder à distance à l’ensemble des services publics auxquels son profil le rend éligible. L’accès à l’éducation, la santé et autres services publics est segmenté au regard de l’historique comportemental de chaque citoyen. Ce principe s’étend à la sphère privée. Des néo banques permettent de valoriser les données personnelles pour financer l’accès à des services numériques. Les grands réseaux de distribution physique (postes, hypermarchés, agences bancaires, etc.) ont entièrement disparu sous l’accélération du e-commerce, cédant la place à des réseaux de consignes et points de livraison. Vendeurs, agents, conseillers de clientèle, etc. de nombreux métiers ont quasi disparu.

Au sein des entreprises, l’organisation du travail évolue profondément, marquant une accélération de l’entreprise distribuée sous l’effet du numérique. La part des indépendants dans les ressources humaines dépasse désormais largement celle des salariés. Le CDI est en voie de disparition. Le marché du travail devient globalement plus liquide, le turnover beaucoup plus fort. Une grande majorité de salariés occupe même plusieurs fonctions simultanément.

En 2029, le télétravail est devenu la norme, la plupart des grandes entreprises ont abandonné leurs sièges sociaux. Les grands quartiers d’affaires sont de gigantesques hubs de coworking dans lesquels convergent à horaires variables des cadres ayant choisi de s’éloigner du cœur des villes. En parallèle, le déploiement des réseaux 6G a fait disparaître les zones blanches. Des néo-ruraux en quête d’espace réinvestissent les campagnes voisines des grands centres urbains.

La téléconsultation et la chirurgie à distance se sont largement développées, permettant d’élargir l’accès aux soins à une large partie de la population mondiale. Mais ce mouvement s’est également accompagné d’une fragilité accrue des états et institutions face aux risques de cybersécurité. Dans les années 2028/2029, de nombreux pays se sont retrouvés pendant plusieurs semaines dans des situations de blackout public : transport, énergie, santé et accès aux services de base ont été simultanément paralysés par des cyberattaques ciblées.

Vers la fin des années 2020, l’accélération technologique s’accompagne d’une mutation des savoirs. Les logiques d’apprentissage sont renforcées par des technologies de stimulation neuronales accélérant l’acquisition de nouvelles connaissances. Étudiants et salariés construisent désormais des parcours d’apprentissage à la carte. Les données concernant les savoirs acquis sont certifiées, ouvertes et partagées sur les réseaux sociaux professionnels. Elles deviennent les nouveaux CV.

2 – MUTATE

L’accélération technologique se confirme
La mondialisation se poursuit
Les sociétés s’organisent comme des plateformes

Janvier 2031, chronique d’une décennie passée

2021 a marqué un tournant dans la prise de conscience collective des enjeux écologiques planétaires. Les incendies ont rayé de la carte plus d’un million de km2 de forêt amazonienne (deux fois la surface de la France), choquant profondément les esprits. En 2022, un nouveau rapport du GIEC confirme avec « un niveau de certitude avancé » que le réchauffement climatique poursuit sa trajectoire de +3 degrés à l’horizon 2050. Combiné à l’intensité croissante des épisodes caniculaires, il suscite des vagues d’indignations massives.

La grande grève étudiante mondiale de 2023 marque un tournant dans les opinions publiques. L’économie est à l’arrêt plus de trois mois. Plusieurs marques mondiales pâtissent de campagnes de green shaming. Le fait marquant de 2024 est l’émergence de Climergency, mouvement environnementaliste activiste mondial qui, en l’espace de quelques mois, mobilise plus d’un milliard de followers sur les cinq continents, sous l’impulsion de cinq jeunes leaders charismatiques. Climergency devient rapidement une force électorale puissante, capable de faire basculer les élections dans n’importe quel pays du globe. “We screwed up with climate”. En 2025, le mea culpa de l’interview vérité de D.Trump a frappé les esprits. Il marque la fin du cycle de populisme climato-sceptique après son apogée à la fin de la décennie. En 2026, avancée spectaculaire à la COP 32 : une feuille de route commune aux vingt premières puissances mondiales initie une stratégie coordonnée de réduction des gaz à effet de serre. Rénovation thermique, réorganisation des mobilités et fiscalité sont les trois axes-clés de la convention citoyenne mondiale mobilisée en préparation du sommet.

À l’échelle des territoires, la part des consommations locales explose. La France fait office de figure de proue en redessinant des filières locales autour du véhicule électrique, de l’agroalimentaire et du textile. Sa politique volontariste d’aménagement du territoire se coordonne avec de nouvelles stratégies d’implantation des entreprises. Les aménagements favorables aux mobilités douces et transports collectifs sont réalisés dans de nombreux pays. Les zones zéro émission qui se déploient sur les littoraux mondiaux interdisent aux véhicules à combustion de circuler et aux véhicules particuliers de stationner. En 2026, la part des abonnements a dépassé celle des acquisitions dans la consommation. Le pay as you live, cantonné aux industries récréatives en début de décennie, s’est déployé sur toute l’économie. Louer son véhicule, son mobilier ou ses habits devient une pratique courante. Après avoir émergé sous la forme des B Corp (années 2000) puis sous diverses formes juridiques (années 2010), l’entreprise à mission se déploie très largement. La raison d’être devient un levier central de gouvernance des entreprises, dans leur rapport aux consommateurs et pour leur image d’employeur. La notation extra-financière est désormais parfaitement corrélée à la performance des indices boursiers. Dans des secteurs aussi variés que l’énergie, l’agroalimentaire et les services financiers, les leaders ont orchestré une mutation profonde vers des offres vertes, compatibles avec une trajectoire climat soutenable. Fait marquant, plusieurs acteurs économiques iconiques (marques de grande consommation, majors des énergies fossiles) se sont progressivement effondrés faute d’avoir amorcé ce virage.

Dans le champ du commerce international, l’Europe s’organise pour déployer de nouvelles filières d’extraction des terres rares sous l’impulsion du Commissariat européen en charge de la stratégie énergétique et géologique. Le but : contrer le leadership de la Chine. Cette stratégie permet aux Européens d’accompagner l’explosion du parc d’éoliennes et de véhicules électriques. En 2028, les véhicules électriques ou alimentés par hydrogène vert représentent 90% du parc automobile européen. Les constructeurs ont recentré leur innovation sur la réduction du poids et de la portance au vent des véhicules. L’impact Co2 est désormais au cœur des préoccupations individuelles et donc des comportements d’achats. Chaque consommateur pilote son score Co2, intégrant l’ensemble de ses achats, déplacements et consommations énergétiques. Les consommateurs citoyens exigent des marques qu’elles offrent une totale transparence et un accès open source à la donnée d’impact Co2 de leurs produits et services.

Les entreprises accompagnent ce mouvement en réorganisant leurs modes de fonctionnement. Soucieuses de leur image vis-à-vis de collaborateurs toujours plus exigeants, elles encouragent le développement des mobilités douces, la réduction de la consommation numérique et les initiatives éco-responsables de leurs collaborateurs. À la fin des années 20, les voyages d’affaires ont pratiquement disparu. Dans la plupart des grandes entreprises, une journée par mois est désormais consacrée à l’action pour le climat. Dans les usines, les exosquelettes transforment les modes de production. Combinés à la miniaturisation et l’amélioration du stockage des nouvelles énergies propres, ces dispositifs d’assistance physique deviennent des habits motorisés collés au corps. Grâce à cette industrie augmentée, les centres de production se redéploient progressivement dans des pays que l’industrie avait délaissés trente ans auparavant.

3 – SLOW

L’accélération technologique se confirme
La mondialisation se poursuit
Les sociétés s’organisent comme des plateformes

Janvier 2031, chronique d’une décennie passée

Les années 2020 sont le théâtre de deux grandes ruptures mondiales. Après trois années de crise sanitaire Covid-19, une crise technologique majeure achève de remettre en question le paradigme de croissance mondiale continue qui semblait s’être installé les décennies précédentes.

La cybercrise mondiale de 2027, marquée par une paralysie prolongée des systèmes bancaires mondiaux et un retour à la monnaie fiduciaire, a fait émerger massivement un mouvement low tech jusque-là réservé aux sphères contestataires et militantes.

L’omniprésence de la technologie et son coût social et climatique font désormais l’objet d’un large débat, et les refuseurs numériques colonisent des zones entières. Le ralentissement des échanges et des voyages internationaux s’est durablement installé. Les mouvements de population faiblissent. La démondialisation s’accélère pour atteindre une décroissance à deux chiffres dès 2025.

Face à ce ralentissement, les dettes publiques explosent, générant une crise du financement public qui touche très largement les principales économies mondiales. À partir de 2026, les systèmes de retraites se privatisent très largement, tout comme l’accès aux soins pour les populations fragiles.

En parallèle, le rôle sociétal des entreprises s’est largement accru. Formation, recherche, santé, information, financement des grands projets d’infrastructure : les partenariats publics privés s’accélèrent. Les États se recentrent sur leur rôle régalien au profit d’une gouvernance plus décentralisée favorisée par l’émergence de communautés d’acteurs locaux.

La fragilité économique des États s’est accompagnée d’une accélération des protectionnismes. Cette tendance a été accélérée par des stratégies volontaristes de relocalisation : les entreprises ont privilégié le redéploiement de filières nationales, largement incitées par des États sous la pression des opinions publiques. Le pouvoir de prescription des consommateurs s’accompagne maintenant d’une injonction de transparence sur l’origine des produits et des circuits de transformation.

De nouvelles formes d’entreprises coopératives ont vu le jour, marquant le nouvel attrait pour des formes renouvelées d’entrepreneuriat social. Sous diverses formes juridiques, l’entreprise à mission a gagné du terrain. Les néo-entrepreneurs des années 2020 sont le fruit d’un exode urbain qui s’est subitement accéléré au milieu de la décennie.

Le retour à la terre a consacré la domination des circuits courts. Face à l’impact du réchauffement climatique, les nouveaux modes d’autoproduction et d’autoconsommation se sont généralisés. De nouvelles places de marché réorganisent les échanges à l’échelle locale, hors de la sphère marchande traditionnelle. Les immeubles sont équipés de fab lab. Les résidents peuvent y recycler et construire leurs propres équipements. Les expertises techniques se monétisent dans des places de marché virtuelles et locales, dans des recycleries nouvelle génération.

Le marché du travail, lui, n’a plus la forme qu’il avait dix ans auparavant. Dans bien des pays, il s’est largement recentré sur les 30-50 ans. La notion d’âge légal a en général disparu. Certains pays ont acté la réduction de la durée du temps de travail à 30 heures. D’autres ont plus radicalement encore rendu systématique le partage du temps de travail sous forme de droit au travail.

La géographie du travail s’est elle-même largement transformée face à l’exode urbain. 80% des cadres vivent désormais en zone rurale ou périurbaine. De nouvelles formes hybrides de collaboration émergent et l’explosion des tiers lieux témoigne du rapprochement des sphères économiques, culturelles et environnementales. Les journées de travail de la fin de la décennie n’ont plus rien à voir : il est désormais rare de passer un jour entier sur un même lieu de travail.
En 2030, face aux États défaillants, on attend toujours plus des entreprises. Les études montrent que le premier critère d’un salarié dans le choix d’un employeur est devenu l’impact environnemental et sociétal. Comparer l’impact carbone d’une entreprise avant un entretien d’embauche est devenu le premier réflexe de tout jeune diplômé. Des vagues de shaming ont engendré le départ massif de certains salariés dans des entreprises ayant falsifié leur bilan RSE. La sensibilité des opinions aux engagement RSE s’est exacerbée à tel point que des secteurs entiers ne parviennent plus à recruter.

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